Oct 11 / Purple Squirrel

Comment votre cerveau freine votre carrière

Parlons psychologie... En particulier d'un réflexe silencieux, et souvent méconnu : le biais cognitif ! 🧠

Et mauvaise nouvelle, il y en a plus de 200 qui influencent votre manière d’être au travail, et en privé.

Les biais ne sont pas seulement utilisés en marketing ou dans les décisions d’achat. Ils sont tellement profondément ancrés dans notre inconscient qu’ils nous font prendre des mauvaises décisions, malgré le fait que des preuves contraires sont sous notre nez!

Je vous explique ce qu’est un biais, quels sont ceux qui nous portent le plus préjudice au travail et surtout, comment limiter leur impact.

Je finis par partager avec vous celui qui m’a le plus impacté ces dernières années.

Sommaire

1. Un biais cognitif, c’est quoi déjà ? 

biais cognitifs carrière
Les biais cognitifs font référence aux erreurs mentales qui se retrouvent dans notre jugement et dans nos impressions. Ces erreurs se produisent lorsque nous devons interpréter et gérer de l’information provenant du monde qui nous entoure. Personne n’y est complètement à l'abri et certains contextes et facteurs y sont particulièrement propices.

Les biais cognitifs sont systématiques et nombreux.
Mais dans cet article, on va se concentrer principalement sur comment ils peuvent impacter votre carrière, que ça soit au niveau de vos choix, de votre communication ou de votre progression.

Il faut garder en tête que les biais cognitifs sont en général inconscients. Du coup c’est difficile de les éviter et de les corriger. Mais mieux les comprendre vous permettra de les identifier, chez vous mais également chez les autres. Knowledge is power !

Comment ça fonctionne ?


D’après les neurologistes, notre cerveau reçoit environ 11 millions d’informations par seconde grâce à nos 5 sens. Mais malheureusement notre cerveau ne peut consciemment en traiter que 50 par seconde.

C’est pour ça que le cerveau agit comme un filtre. C’est ce qui nous permet de prendre des décisions : certaines qu’on ne remarque même plus (mettre un pied devant l’autre pour marcher), d’autres plus réfléchis (demander une augmentation de salaire à son patron).

Si on devait prendre toutes ces décisions de manière consciente, je vous laisse imaginer le mal de tête ;)

Pour l’historique, ils nous ont permis de survivre dans des environnements hostiles grâce à une prise de décision accélérée et facilitée.

À l’heure actuelle, notre cerveau continue à interpréter et à simplifier notre environnement, par le biais de stéréotypes, de préjugés, de croyances…

Il existe 188 biais cognitifs qui peuvent être classés dans 4 catégories qui correspondent aux situations auxquelles ils nous aident à faire face :

  • Trop d’information : le cerveau n’a pas la capacité de traiter toutes les informations qu’il reçoit. Il fait un tri pour nous.
  • Pas assez de sens : les informations sont reçues, triées et expliquées par notre cerveau. Il comble le vide, fait des liens entre les éléments pour trouver du sens.
  • Besoin d’agir vite : comme depuis toujours, prendre des décisions rapidement favorise nos chances de survie, de sécurité ou de réussite. C’est donc ce que notre cerveau fait.
  • De quoi devons-nous nous rappeler : en fonction de ce qui nous sert, notre cerveau fait un choix entre ce dont on doit se souvenir et ce qu’on peut oublier. On a tous déjà entendu parler de la fameuse ‘mémoire sélective’

Même si notre cerveau essaie de bien faire avec toutes ces informations, il peut nous jouer des tours et fausser notre jugement. Ce qui nous mène à des comportements ou des décisions qui ne sont pas à notre avantage.

Et la gestion de carrière ne fait pas exception à cette situation !

2. Comment ça se manifeste dans votre gestion de carrière ?

Je vais vous donner quelques exemples. Exemples où vous risquez de vous reconnaître mais également de reconnaître les autres.
L’objectif ? Prendre conscience et comprendre comment limiter l’impact.

 Biais d’ancrage

Le biais d’ancrage consiste à privilégier les premières informations qui nous sont données.
Ça ne sert à rien de demander une augmentation de salaire, ils n’en donnent que quand il y a une promotion” dixit Laetitia, sur base d’une information reçue il y a 4 ans.
Cette affirmation est basée sur ce que vous avez entendu de la bouche d’un collègue il y a 4 ans quand vous avez rejoint l’entreprise. Et du coup, cette première information reçue devient LE point de référence dans votre décision. C’est un peu ce que certains vendeurs font en vous annonçant un prix élevé au début, pour ensuite redescendre. Vous avez alors l’impression de ne pas payer si cher que ça, alors que le vendeur se fait une marge de 100%.
Comment le limiter ?
Il faut être réceptif aux informations qui viennent après la première information. Dans cet exemple, l’entreprise avait moins de budget il y a 4 ans et donc moins de marge de manoeuvre concernant les augmentations de salaire. Entre temps, l’entreprise a bien évolué et votre manager serait tout à fait prêt à vous écouter.
En gros, quand on vous dit que ce n’est pas négociable comme première info… Négociez quand même, vous serez surpris ;)

Biais de confirmation

Le biais de confirmation consiste à chercher et sélectionner seulement les informations qui confirment nos croyances tout en ignorant tout ce qui les contredit.
Maxime est le meilleur membre de l’équipe” dixit un manager qui n’a pas regardé les chiffres depuis 3 mois, alors que Maxime vient de lui rendre un travail plagié d’un collègue.
Quand Maxime a rejoint l’équipe, le manager l’a directement pris sous son aile. Il se reconnaissait un peu en lui. En conséquence, il a commencé à ne voir que du bon chez Maxime, quitte à délaisser d’autres membres de l’équipe qui faisaient du travail de meilleure qualité. 
Par contre, le manager a pris Elsa en grippe depuis le début, elle a du mal à communiquer de façon corporate. Ce manager passe donc plus de temps à chercher la petit bête qui mettrait Elsa en porte à faux que de remarquer que Maxime a une performance descendante depuis son arrivée dans l’équipe. 
Comment le limiter ?
Quand vous êtes trop convaincu par quelque chose, amusez-vous à jouer l’avocat du diable ! Trouvez des arguments qui vont à l’encontre de votre croyance initiale. Essayez de vous faire changer d’avis avec du concret, des faits.

Biais du status quo

Le biais du status quo consiste à préférer conserver sa situation actuelle et à refuser le changement, même lorsque celui-ci pourrait être bénéfique.

Non je ne vais pas changer de carrière, je ne suis pas si mal” dixit Marc qui est au bord du burn-out, en perte totale de sens.

Je pense qu’on a tous, un jour ou l’autre, été victime de ce biais. On préfère rester dans des situations qui ne nous conviennent pas, plutôt que de prendre le risque de changer. On devient presque comfortable avec l’inconfortable. La peur guide notre jugement : la peur de l’échec, de ne pas être à la hauteur, de bouleverser ses relations sociales, …

Comment le limiter ?

Plutôt que de laisser notre cerveau nous rappeler le risque qu’on prend en changeant. Il serait bon de se rappeler le risque qu’on prend à ne pas changer ! Dans cet exemple, Marc pourrait commencer une dépression sévère et mettre bien plus de temps à s’en remettre que s’il met du changement en place.

L’effet IKEA

L’effet IKEA consiste à accorder plus de valeur aux choses dans lesquelles on a mis du temps et de l’énergie.

Je suis persuadée que ma proposition d’offre sera celle que le client acceptera” dixit Georges après avoir passé 3 jours à bosser dessus.

Quand on achète un meuble IKEA, qu’on le monte soi-même à la sueur de son front, ce meuble devient la pièce préférée dans la maison. Même si ce n’est pas le plus beau, le plus qualitatif ou le plus fonctionnel. Ce biais est donc dangereux pour votre carrière car il peut mener à des comportements contre-productif.

Comment le limiter ?

Si vous vous rendez compte que vous tenez trop à quelque chose (une idée, un projet, un travail), demandez-vous si l’effet IKEA n’est pas passé par là. Et surtout, restez ouvert aux opinions de vos collègues, clients, managers. Rien n’est parfait, même si ça vient de vous !

🍭 À vous de jouer ! 

Choisissez un biais et pensez à comment en limiter l’impact dans votre carrière.

Ma petite histoire à moi

Il y a quelques années, je me suis rendue compte de l'impact que le biais du survivant avait sur ma vie. Ce biais consiste à surévaluer l'efficacité d’une méthode en se focalisant sur ceux qui ont eu du succès, tout en ignorant ceux qui ont échoué (c’est-à-dire la majorité).
Et vu qu’on est dans une société où la norme est ennuyeuse, je me suis laissé séduire par toutes ces success stories de dingue. Où le mec lançait un business et générait 1.000.000 d’euros de vente la première année grâce au fait qu’il se levait à 5h pour son miracle morning.

C’est bien beau tout ça… Mais je me suis vite rendue compte que mes 8 heures de sommeil étaient nécessaires à ma santé physique et mentale. Et que commencer ma journée si tôt ne me rendait pas efficace DU TOUT! Et puis surtout que je voulais avoir un impact sur les gens plutôt que sur mon compte en banque. Et du coup, en prenant un peu de recul, ces histoires incroyables ont perdu du sens. Je me suis rendue compte que certaines étaient juste des histoires de ‘bon moment, bon endroit’ plutôt que de méthode qui fonctionne. Et autant vous dire que ça m’a enlevé un sacré complexe d’infériorité ;)

🔭 Pour aller plus loin

Je vous recommande ce très bon TedTalk d’Albert Moukheiber - À la découverte de notre cerveau : https://www.youtube.com/watch?v=u_soKgjGzrU&t=2s

Et pour aller plus loin et mieux comprendre les heuristiques et les biais, faites un tour sur ce site : www.shortcogs.com